Vous êtes né à Nice, mais vous avez vécu en Martinique de 6 à 18 ans. Quels souvenirs gardez-vous de cette île ?
Christophe Hérelle : « La Martinique, ça compte beaucoup pour moi. C’est là-bas que j’ai fait mes classes et commencé le football. J’ai ma famille et tous mes repères sur place. D’ailleurs, dès que j’en ai la possibilité et que je suis en vacances, je pars là-bas pour me ressourcer, car c’est très important pour mon bien-être. »
Le football est rapidement devenu important dans votre vie ?
C.H : « C’est simple, le football c’est de famille chez les Hérelle. Mon père jouait au football, ma mère a porté les couleurs de l’AS Monaco et mon grand frère jouait également au football. Il a d’ailleurs fait un essai à l’Olympique de Marseille lorsqu’il était jeune. Je pense que le plus doué de la famille, c’est mon petit frère, mais il n’a jamais pris le football au sérieux. C’était trop facile pour lui, et il ne se rendait pas compte des qualités qu’il avait. »
Comment fait-on pour être repéré par un club métropolitain lorsqu’on vit en Martinique ?
C.H. : « Honnêtement, ce n’est pas simple, car les clubs ne viennent pas souvent superviser les équipes là-bas. De mon côté, j’ai eu beaucoup de chance car Sochaux y a organisé une détection et Charles-Edouard Coridon (ancien joueur du PSG et recruteur de Sochaux) m’a contacté pour que j’y participe. ».
Et il paraît que vous étiez très proche de ne pas pouvoir répondre positivement à cette demande…
C.H. : « Effectivement, lorsqu’on m’a contacté, ma mère était au travail et ne pouvait donc pas m’y emmener. De plus, je devais garder mon petit frère et ma petite sœur. Ils étaient également mineurs, je ne pouvais donc pas les laisser seuls à la maison. Finalement, nous sommes allés à trois à cette détection. Charles-Edouard Coridon est venu nous chercher et mes frères et sœurs sont restés en tribune à me regarder jouer (rires). Le premier jour s’est très bien passé et le lendemain, ma mère s’est arrangée pour pouvoir m’y emmener. C’est un évènement qui m’a marqué et je me suis dit que c’était sans doute le destin. »
L’essai est finalement concluant et vous rejoignez donc le FC Sochaux-Montbéliard quelques mois plus tard…
C.H. : « Le départ a été très compliqué. Je n’avais jamais quitté ma famille et mes amis. C’était une première pour moi. J’étais bien entouré par les dirigeants du club, mais ce n’est pas simple du tout d’être aussi loin de sa famille à cet âge. Le premier hiver était très dur. Je n’avais envie que d’une chose : rentrer en Martinique (rires). Je me suis dit que je n’avais pas fait tout ça pour rien, et j’ai réussi à m’accrocher. »
C’est d’ailleurs là-bas que vous retrouvez un personnage connu à Metz, Manuel Cabit. Quelle relation aviez-vous ?
C.H. : « Manu, je le connaissais déjà en Martinique. Je le voyais jouer en sélection avec les jeunes. Lorsque je suis arrivé à Sochaux, il m’a beaucoup aidé. Il m’a mis à l’aise et me donnait beaucoup de conseils. C’était très important de l’avoir à mes côtés en sachant que je venais de quitter ma famille. Il était là pour moi comme un grand frère, même si je suis plus âgé que lui. Aujourd’hui, je suis toujours en contact avec lui. Il m’a dit qu’il viendrait nous voir jouer avant la fin de la saison et nous l’accueillerons avec plaisir. »
Après un passage dans le Doubs et deux prêts réussis à Colmar, vous restez quelques semaines sans savoir de quoi sera fait votre avenir professionnel. Quel est votre sentiment à ce moment ?
C.H. : « À la fin de mon deuxième prêt à Colmar, je me suis dit que je n’y arriverais peut-être jamais. Il fallait que je franchisse un palier, sinon cela aurait été compliqué pour la suite. Finalement, à l’été 2015, mon agent m’appelle en pleine nuit, avec le décalage horaire, quand je suis en Martinique. Il me dit qu’il faut que je prenne un billet d’avion au plus vite, car Créteil souhaite me recruter. J’étais partagé, car je voulais rester un peu avec ma famille, mais j’étais très heureux de pouvoir rebondir. C’est finalement ce passage en Ligue 2 à Créteil qui me permet d’enchaîner ensuite. C’est le club qui m’a permis de passer un cap, la visibilité est tout autre à ce niveau. »
Pour finir, quel message souhaiteriez-vous faire passer alors qu’il reste dix rencontres à disputer pour aller chercher le maintien ?
C.H. : « Nous avons vécu une période difficile, mais la victoire à Nantes nous a fait beaucoup de bien. C’est sans doute notre meilleur match de la saison, nous avons gagné avec la manière. Nous avons prouvé que tout était encore possible dans ce championnat que nous avions encore notre mot à dire. Nous attendons nos supporters nombreux ce dimanche face à Clermont, car c’est sans doute le match le plus important de notre saison. Nous espérons qu’ils mettront de l’ambiance comme ils savent le faire et que nous prendrons les trois points pour fêter ça tous ensemble à la fin de la rencontre. »