
Matthieu Udol, avez-vous la sensation de réaliser la meilleure saison de votre carrière ?
Je suis conscient que je fais peut-être ma meilleure saison, à titre personnel. Collectivement, on a un football qui nous permet de prendre du plaisir et de bien s’exprimer. De par mon rôle et l’expérience que j’ai acquise, je me dois d’être régulier dans les performances. Cela peut m’arriver de pas être au top sur un match. Je me souviens d’une phrase de l’un de mes entraîneurs, Frédéric Antonetti, qui disait qu’un joueur peut évoluer la plupart du temps à 5 ou 6 sur 10, avec parfois de meilleures performances, mais que les bons, voire les très bons joueurs, se distinguent par leur régularité tout en maintenant un niveau moyen élevé. C’est ce que je m’efforce à faire, être régulier et tirer l’équipe vers le haut. J’ai à cœur de toujours donner le meilleur de moi-même. Quand l’équipe cherche une solution, j’essaye de donner un peu plus pour faire une différence, en apportant cette envie, cette hargne qui me caractérise, pour motiver mes coéquipiers.
Avec votre parcours, imaginiez-vous atteindre un tel niveau ?
Avant de retrouver les terrains, j’ai connu des moments de doute. Mais une fois les crampons aux pieds, ces incertitudes se sont envolées. Je suis convaincu que, même à 29 ans, on peut continuer à progresser. Chaque entraîneur m’a apporté des éléments pour enrichir mon jeu, et j’ai toujours cette envie d’apprendre. Je me considère comme un joueur assez cérébral. J’analyse mes performances pour identifier ce que je peux améliorer, et c’est sans doute ce qui a favorisé ma progression. Même si nous évoluons en Ligue 2 cette saison, cela ne m’empêche pas d’être performant, d’autant plus que notre approche du jeu a évolué. Nous cherchons à maîtriser le ballon, à imposer notre rythme, à dominer l’adversaire — et c’est un vrai plaisir. L’effectif est taillé pour cette philosophie, avec de nombreux joueurs à l’aise techniquement.
Savez-vous que vous êtes l’un des défenseurs de L2 qui gagne le plus de mètre balle au pied ? Comment avez-vous progressé dans ce domaine ?
Pour être honnête, je n’en avais pas conscience jusqu’à récemment… c’est ma femme qui m’en a parlé ! (rires) Mais c’est vrai qu’en y repensant, sur plusieurs de nos buts, j’ai souvent été à l’origine d’actions en partant de loin, balle au pied. Cette statistique met en lumière ce que je peux apporter à l’équipe. Notre jeu collectif crée des espaces, on use beaucoup nos adversaires, et les latéraux ont un vrai rôle à jouer dans la construction. J’aime casser les lignes, apporter offensivement — ça déstabilise vraiment l’équipe d’en face. Dès que l’occasion se présente, je n’hésite pas à me projeter. On a d’ailleurs été récompensés plusieurs fois, comme face à Guingamp ou Caen.
L’autre fierté, c’est ces 6 passes décisives et ces 4 buts…
Je m’étais fixé un objectif en début de saison, je ne dirais pas exactement lequel, mais il est déjà atteint. Le but est d’aller encore plus haut avec pourquoi pas l’ambition d’être le meilleur passeur du championnat, même si ce n’est pas évident.
Paraît-il que vous êtes également l’un des joueurs le plus rapide du vestiaire…
Effectivement, d’après les statistiques, je fais partie du haut du panier ! Même si je vous l’accorde, cela ne se voit pas forcément (rires). J’en suis vraiment content, surtout lorsqu’on se souvient de mes péripéties physiques. L’explosivité et la vitesse faisaient partie de mes qualités principales lorsque j’ai commencé en professionnel, avoir retrouvé un tel niveau, c’est beau.
On dit souvent que vous êtes parmi les premiers à arriver et les derniers à partir. C’est ce qu’on appelle la préparation invisible ?
J’ai mis en place des routines bien précises : avant l’entraînement, je travaille sur la mobilité, et après, je consacre du temps à la musculation et au renforcement du haut du corps. Je connais bien mon corps, je sais ce dont il a besoin pour rester performant et éviter les blessures. Ce travail me permet de garder un équilibre, autant physique que mental.
Vous arboré le brassard de capitaine depuis la saison 2022-2023. Comment cela se traduit au quotidien ?
Je ne suis pas un grand leader vocal en dehors du terrain. Il y a d’autres leaders dans l’équipe qui parlent davantage dans le vestiaire. Sur le rectangle vert, je le suis nettement plus. J’essaye d’être un leader par l’exemple, partout où je passe. Je suis le garant de certaines valeurs : de respect et plus largement, celles du club. En ayant fait tout mon parcours à Metz, porter le brassard est une immense fierté.
Vous êtes ami avec Gauthier Hein depuis l’adolescence. Un mot sur votre relation ?
C’est quelque chose de rare. On joue ensemble depuis qu’on a 10 ans. On s’est perdus de vue, professionnellement seulement, pendant quelque temps. Et là de se retrouver, c’est incroyable. Notre relation est précieuse dans le milieu du football. Je suis super heureux de pouvoir jouer avec lui. On partage enfin une belle saison ensemble, en professionnel, sans blessure ni prêt, avec qui plus est un objectif commun qu’on espère concrétiser en beau moment de joie !
Est-ce agréable en tant que joueur de vivre ce type de saison ?
Gagner la majorité de nos matches, prendre du plaisir sur le terrain et en donner aux supporters, c’est évidemment ce qu’il y a de plus gratifiant. Mais le vrai bilan, on ne pourra le faire qu’en mai. Il reste encore quatre matches, et c’est à ce moment-là qu’on saura si cette saison aura été vraiment belle. Quoi qu’il arrive, l’un des objectifs principaux — transmettre du plaisir et en ressentir — est déjà atteint. Mais il reste le plus beau à aller chercher. On joue pour les titres, pour les émotions fortes, pour vivre des montées ou des maintiens à l’arrachée. C’est bien plus excitant que de naviguer dans le ventre mou du classement. Revivre l’émotion d’une montée en Ligue 1 après une saison aboutie, ce serait exceptionnel. On sait à quel point cela peut rendre fier et heureux tout le peuple messin. On espère pouvoir vivre une grande fête dans quelques semaines, et partager cette joie tous ensemble.