Quels souvenirs avez-vous de votre enfance ?
J’ai grandi à Diouloulou, au Sénégal, une petite ville dans le sud du pays. J’ai toujours adoré le football, mais mes parents ne l’entendaient pas vraiment de cette oreille et voulaient que je me concentre sur les études. J’ai dû pas mal négocier avec eux pour qu’ils me laissent faire les deux. Cette passion viscérale pour le football m’a accompagné toute ma jeunesse et malgré les réticences de mes parents, je ne me voyais pas arrêter. J’avais envie de jouer tout le temps. J’essayais d’être le plus concentré possible à l’école pour pouvoir leur montrer que j’étais capable d’allier sport et études. J’étais scolarisé à Abéné, un village qui borde l’océan atlantique, proche de la Gambie. J’avais beau faire tous les efforts que je pouvais en classe, le ballon me manquait. Je sais ce n’est pas bien mais parfois, je séchais les cours pour aller jouer. Et le pire c’est que j’aimais vraiment l’école, mais pas autant que le football !
Comment avez-vous réussi à convaincre vos parents ?
Mon grand-père m’a un peu facilité la tâche, il vivait avec nous dans la maison familiale. J’étais très proche de lui, on adorait passer du temps ensemble. Il venait me chercher après mes entraînements de football. Il n’aimait pas rester seul et appréciait ma compagnie. C’était réciproque ! C’est d’ailleurs le premier que j’ai réussi à convaincre, il avait envie de me voir réussir. Il est malheureusement décédé en 2017, il a laissé un grand vide dans ma vie. Son décès a créé une sorte d’électrochoc en moi, j’ai pris mes responsabilités. Avec mes parents, cela a été plus difficile mais ils ont fini par comprendre que le football était bien plus qu’un simple jeu pour moi.
Justement, comment avez-vous découvert le football ?
Je ne me souviens plus vraiment de l’âge que j’avais, mais petit, j’ai eu la chance d’être ramasseur de balles lors d’un tournoi interclasses, au Sénégal. Plusieurs élèves s’affrontaient dans une ambiance survoltée. J’étais au bord du terrain et j’en profitais pour jongler avec les ballons que je ramassais. Cela a été une révélation. C’est là que j’ai su que je voulais devenir footballeur professionnel.
Il semblerait que vous ayez toujours cette même passion…
Quand je regardais des matches à la télévision, je m’imaginais à la place des joueurs sur le terrain. Et j’avais envie d’en être. Je trouve que c’est un métier fabuleux. La ferveur des supporters, les émotions ressenties au moment d’entrer dans le Stade, c’est magique. Je suis extrêmement chanceux de pouvoir vivre cela. Les supporters nous donnent beaucoup d’amour, ils nous soutiennent énormément. Souvent, je prends le temps de regarder les personnes assises en tribune. Il y a tellement de monde présent pour nous, c’est vertigineux. Je vois à quel point ils nous poussent. Cela me touche énormément et me donne envie de me dépasser encore plus pour leur donner du plaisir.
Comment avez-vous été repéré par l’Académie Génération Foot ?
Génération Foot organisait des détections à Kafountine. Mon école d’Abéné avait formé une équipe pour participer à ce tournoi. C’est à ce moment-là que j’ai été repéré par des recruteurs de l’Académie. Tout s’est passé très vite. Dans la foulée, je suis parti à Dakar pour passer un deuxième test, puis j’ai fini par intégrer le club. J’étais tellement fier et heureux, mais je savais aussi que ce n’était que le début.
Est-ce qu’il y a des valeurs, des conseils que vous avez appris là-bas et que vous appliquez toujours ?
Bien sûr, l’Académie m’a construit en tant que joueur et en tant qu’homme. J’ai croisé la route de coaches et d’éducateurs qui m’ont transmis des valeurs fortes. Je pense notamment à Olivier Perrin et Frédéric Arpinon, ils m’ont donné énormément de conseils. Ils m’ont appris la discipline. Ils m’ont aussi fait prendre conscience de mon talent, ils plaçaient beaucoup d’espoir en moi. Cela m’a donné énormément de confiance et de force pour persévérer dans le football.
Vous avez connu vos premières minutes en Ligue 1 face au Stade de Reims, le 3 septembre 2023, qu’avez-vous ressenti au moment d’entrer sur la pelouse ?
J’ai tellement attendu ce moment. J’ai tout fait pour provoquer cette opportunité. J’ai reçu énormément de messages de félicitations de la part de mes proches. Je n’oublierai jamais ce match.
En tant que défenseur, quelles sont vos qualités principales ?
Je suis bon dans les duels, j’aime gratter des ballons. Depuis que je suis au FC Metz, j’ai beaucoup progressé sur le plan technique et tactique. Je dirais aussi que je suis un défenseur physique. À mon poste, mon modèle, c’est Antonio Rüdiger. J’aime beaucoup son style de jeu mais aussi sa rage de vaincre. Dès qu’il entre sur le terrain, il donne tout pour l’équipe, il inspire la peur chez l’adversaire. C’est un véritable guerrier, il n’est pas là pour rigoler ! Dans le vestiaire messin, je prends aussi grandement exemple sur Ismaël Traoré. C’est un ancien, un joueur d’expérience, il me donne beaucoup de conseils. C’est motivant de jouer à ses côtés et cela me permet de progresser.
Vous avez marqué au 7e tour de Coupe de France face à Obernai, le 16 novembre 2024, pouvez-vous nous expliquer votre célébration ?
J’étais super content, je n’ai pas vraiment réfléchi, j’ai tenté une montée de genoux (rires). J’ai ensuite célébré avec Ibou Sané et Morgan Bokele. J’avais déjà marqué en Coupe de France à domicile, la saison dernière, face au Clermont Foot 63. Malheureusement, nous avons été éliminés à l’issue de la séance de tirs au but. Maintenant, il faut faire trembler les filets en championnat !