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Alpha Touré : « Il voulait faire de moi un exemple »

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Alpha, vous êtes au club depuis deux saisons désormais, mais le grand public vous connaît peu puisque vous êtes un homme discret. Pouvez-vous nous narrer votre enfance ?

Alpha Touré : « Je suis né à Kaolack au Sénégal où j’ai vécu avec ma maman, ma sœur et ma grand-mère. Je n’ai pas beaucoup connu mon papa, car il est parti vivre en Espagne avec mes deux grands-frères. Il a rejoint le Sud de l’Europe pour gagner davantage d’argent et pouvoir améliorer notre qualité de vie. Au début, je n’étais pas intéressé par le foot, je préférais me concentrer sur les études. Finalement, j’intègre l’école de Léona Foot, dans mon village à 11 ans, puis deux ans plus tard, je réussis les tests pour intégrer l’Académie Génération Foot. »

Votre famille a-t-elle approuvé votre décision de rejoindre GF ?

A.T. : « Honnêtement, non. Au début, ma maman ne voulait pas que je joue au football. Elle m’encourageait à poursuivre mes études, car c’était ce qu’elle jugeait le plus important. À force qu’on lui dise que j’avais du potentiel pour réussir, elle a compris et a accepté. »

Vous semblez être particulièrement proche de votre famille…

A.T. : « La famille, c’est le plus important dans la vie. Avec ma maman, nous avons une relation incroyable. Évidemment, je suis son chouchou (rires). Je l’appelle tous les jours pour avoir de ses nouvelles. J’ai également une belle relation avec ma grand-mère. Nous sommes extrêmement proches, mais je pense que je la fatigue beaucoup (rires). Quand je vivais encore au Sénégal, j’étais toujours dans sa chambre et je lui racontais ma vie comme si c’était ma meilleure amie. J’étais souvent dans ses bras. Elle est vraiment très importante pour moi. »

Comment vivez-vous la distance avec vos proches ?

A.T. : « Ce n’est pas toujours facile, mais je n’ai pas le choix. Je sais que si je veux réussir dans le football, je dois passer par là. C’est parfois dur, car il y a des hauts comme des bas. Dès que j’ai quelques jours, je ne me prive pas pour rentrer au Sénégal et retrouver mes proches. J’ai besoin de ma famille et de leurs conseils. Si tu n’as pas la bonne mentalité et que tu n’es bien entouré, c’est compliqué de réussir. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir l’un de mes frères, Bamba, avec moi au quotidien sur Metz. Il travaillait en Espagne avec mon papa, et il m’a récemment rejoint. Sa présence me fait énormément de bien mais je ne lui dis pas, car nous sommes pudiques (rires). »

Il paraît qu’à Génération Foot, vous étiez considéré comme un joueur aussi doué sur les terrains qu’à l’école. Est-ce bien cela ?

A.T. : « Les études, c’est très important. J’ai la chance d’avoir réussi à allier cela à ma passion, le football. Comme je travaillais bien à l’école, un entraîneur de Génération Foot m’avait donné le brassard de capitaine. Il voulait faire de moi un exemple pour tous les autres joueurs. C’était vraiment une grande fierté pour moi. J’étais également très fier lorsque j’ai obtenu mon bac littéraire. Quand j’ai su que j’avais ce diplôme, Frédéric Arpinon est l’une des premières personnes que j’ai appelées. Il m’a félicité et fait une très belle surprise. »

C’est-à-dire ?

A.T. : « J’ai su que j’avais mon BAC le matin vers 10h00 et le soir même, j’étais à Metz. Il avait tout prévu et organisé pour que je rejoigne le club dès l’obtention de mon diplôme. Je savais que j’allais rejoindre la France, mais je ne savais pas quand. J’étais surpris, mais évidemment très heureux. J’avais vraiment hâte de découvrir le club. En revanche, je n’ai même pas eu le temps de faire mes valises (rires). »

Et comment avez-vous vécu vos premiers pas en Europe ?

A.T. : « Les débuts n’ont pas été simples. Je savais qu’il faisait froid en France, mais je ne pensais pas autant. Au début, je n’arrivais pas à courir. Aux entraînements, j’avais parfois les pieds gelés. J’ai douté, je me disais que je n’y arriverais pas. J’ai finalement réussi à m’adapter et heureusement mes coéquipiers m’ont aidé. »

29 mai 2025. Qu’est-ce que cette date vous évoque ?

A.T. : « Notre match de barrages retour face à Reims. J’ai marqué un but important et je m’y attendais pas du tout et surtout pas du pied droit (rires). C’était une grande fierté d’avoir fait partie de cette équipe et de parvenir ensemble à atteindre l’objectif fixé. Quand j’ai marqué, j’ai tout de suite pensé à Frédéric (Arpinon). Avant le match, il m’avait dit que si je me projetais, je marquerais et c’est exactement ce qui s’est passé. »

Vous semblez particulièrement apprécié Frédéric Arpinon…

A.T. : « Oui, il compte énormément pour moi. Je savais qu’il avait confiance en mes capacités. Aujourd’hui, je me dois de tout faire pour ne pas le décevoir. »

Depuis quelques semaines, vous enchaînez les titularisations. Comment le vivez-vous ?

A.T. : « À titre personnel, le début de saison n’a pas été simple, car j’ai joué à plusieurs postes. Aujourd’hui, j’ai retrouvé mon poste préférentiel. Je fais tout pour saisir ma chance et aider l’équipe à atteindre son objectif. J’ai le sentiment de monter en puissance, mais je suis encore jeune et je dois progresser dans beaucoup de domaines. »

Pour finir, vous êtes-vous fixé des objectifs ?

A.T. : « Le plus important est de réussir l’objectif collectif qui est le maintien. J’espère aussi gagner le plus de temps de jeu possible. Évidemment, si je peux encore mettre des buts, je serais le plus heureux. »